- 17 septembre 2018
- Point bourse
Point Bourse Hebdomadaire du 17 septembre 2018 : Les banques centrales rassurent
La BCE en tête bien sûr, mais aussi la Banque de Turquie et celle de Russie qui apaisent nos craintes sur les pays émergents. Dans cette période où nous sommes trop souvent désarçonnés par les saillies du président américain, il est rassurant de constater qu’il y a encore des pilotes avec permis de conduire aux commandes.
Pour ce qui est de la croissance, nous sommes dans la continuité : les États-Unis caracolent, la zone euro et le reste du monde ralentissent tout en restant sur des tendances satisfaisantes en niveau même si elles sont en retrait par rapport à l’an dernier.
La BCE a confirmé lors de son rendez-vous de rentrée le 13 septembre son intention de normaliser graduellement sa politique monétaire, manifestant peu d’inquiétude au sujet du ralentissement en cours. Il n’y a quasiment pas de changement dans le communiqué qu’elle a diffusé par rapport à celui de juillet et les taux directeurs devraient rester à leur niveau actuel au moins jusqu’à l’été 2019. Par contre et comme prévu le rythme des achats mensuels d’actifs passera en octobre à 15 milliards € par mois contre 30 actuellement, et cessera à la fin de l’année.
Mario Draghi, interrogé sur le fait que la croissance trimestrielle était passée de 0,7% en 2017 à 0,4% en 2018, a répondu que celle-ci ne faisait que rejoindre la croissance potentielle de la zone. Ceci a amené la banque centrale à abaisser ses prévisions de croissance pour 2018 (2% vs 2,1%) et 2019 (1,8ù vs 1,9%), 2020 restant inchangé à 1,7% et les prévisions d’inflation inchangées à 1,7% pour les 3 années.
Le président de la BCE a admis qu’il existait des risques baissiers sur la croissance du fait de la montée du protectionnisme et de la probabilité accrue de hausses des taux par d’autres banques centrales, mais le Conseil des Gouverneurs, unanimement, juge encore les risques équilibrés. Ceci suggère que le Conseil continue à penser qu’après un S1 médiocre, une modeste accélération pourrait être au rendez-vous du S2, du fait notamment de la hausse récente des indicateurs de progression des revenus des ménages qui devrait bénéficier à la consommation. Ceci uniquement bien sûr s’il n’y a pas de nouvelle progression des prix de l’énergie.
En relevant ses taux directeurs le 13 septembre dans une ampleur importante (+625 bp à 24%) la Banque de Turquie a rassuré, non seulement quant à sa capacité à agir afin de lutter contre l’inflation, mais aussi quant à son indépendance du pouvoir politique. En effet le président Erdogan , dans les jours qui ont précédé, était à nouveau monté au front contre le niveau des taux d’intérêt qu’il juge trop élevé. La Banque de Turquie s’inquiète à juste titre des risques haussiers d’inflation et de leurs conséquences sur la demande. En maintenant un biais en faveur du resserrement monétaire, elle envoie un message clair aux investisseurs et la livre turque s’est appréciée de 5% vis à vis du $.
La banque centrale russe est également allée dans le même sens en relevant son taux directeur de 25 bp à 7,5%.
Ces mesures ont assuré un soutien aux devises émergentes qui se sont toutes appréciées vs $ (livre turque, rouble, peso mexicain ou rand sud africain).
Un retour à l’orthodoxie monétaire est nécessaire pour les pays émergents afin de stopper l’hémorragie des capitaux bien que ceci se fasse au prix d’un ralentissement de la croissance : il est nécessaire qu’ils gardent le contrôle sur le marché des changes alors que leurs déséquilibres extérieurs sont très importants (dettes extérieures libellées en devises étrangères et secteur bancaire dépendant des sources de financement en $).
Les États-Unis restent le pays où, sur le plan de la croissance, tous les signaux sont au vert et cette semaine encore, même si à moyen terme il est légitime de s’inquiéter de la hausse très rapide des déficits budgétaire et commercial.
L’indicateur de confiance de la National Federation of Independant Business’ (NFIB) a à nouveau progressé en août de 0,9 pt à 108,8, niveau le plus élevé des 44 années d’existence de la série. Cet optimisme celui de l’ISM Manufacturing et de la confiance des ménages mesurée par le Conference Board, tous deux aussi à des records en août :
- 26% des petites entreprises ont l’intention d’augmenter leurs effectifs au cours des trois prochains mois, c’est un record.
- 38% ont des postes à pourvoir et ne trouvent pas de personnel qualifié.
- 33% ont l’intention de faire des investissements d’ici 3 à 6 mois.
- 34% pensent que nous sommes aujourd’hui dans une bonne période pour investir, ce qui devrait encore conforter le rythme déjà très élevé de l’investissement au S1 (10% annualisé).
- La recherche de personnel qualifié est devenue la principale préoccupation des employeurs devançant désormais les impôts et taxes.
- La proportion des entreprises indiquant que les contraintes gouvernementales étaient leur principal problème est passée de 19ù en 2016 à 13% aujourd’hui ; Ce n’est pas du simplement à la baisse de la fiscalité mais aussi à la réduction des régulations.
- Seulement 7% des petites entreprises signalent la faiblesse des ventes comme leur problème principal, c’est le niveau le plus faible depuis 18 ans alors que 26% attendent des ventes plus élevées d’ici 6 mois.
Les petites entreprises sont la partie décisive du tissu économique en ce qui concerne l’emploi (et de l’électorat de Mr Trump). Quand leur niveau de confiance est aussi élevé il annonce avec une très grande fiabilité la croissance à venir.
Si les ventes au détail, autre publication de la semaine, n’ont augmenté que de 0,1% en août, juillet ayant été révisé de +0,5% à +0,7%, leur progression sur un an est de +6,9% vs +6,7% en juillet. Hors automobiles, la progression a été de 0,3% en août.
Semaine de forte reprise sur les bourses européennes, les grandes capitalisations et le CAC40 notamment ayant réalisé les plus forts rebonds.
Le secteur Pétrole & Gaz (+3%) enregistre la meilleure performance du Stoxx600, les ouragans touchant actuellement les États-Unis et les Caraïbes font craindre la fermeture de certaines usines de raffinage, cela ayant un impact positif sur le prix du baril. Aker (+8,2%) surperforme le secteur, le groupe ayant indiqué prévoir l’IPO d’Aker Energy. Les secteurs Matières Premières (+1,8%) et Automobiles & Equipementiers (+2,7%) se retrouvent parmi les meilleures performances sectorielles, soutenus par l’invitation envoyée par le secrétaire américain au Trésor, Steve Mnuchin, afin de reprendre les négociations commerciales avec la Chine.
Les secteurs à la traîne sont les Médias (-1,2%), les Utilities (-0,8%) et le Retail (0%) par rapport à +1% pour le Stoxx600.
Nos fonds ont tous participé à la progression des marchés la semaine dernière. Pas de mouvements sur FCP Mon PEA, mais Frédéric pour Erasmus Mid Cap Euro a vendu le néerlandais Volcker Wessels pour acheter Rubis, déjà dans PEA, à la suite d’un fort recul après une mauvaise publication que nous attendions, et Outotec, entreprise finlandaise déjà dans Small Cap, après une rencontre avec son management. Sur Erasmus Small Cap Euro, une seule opération, la cession de la ligne Giglio Group Spa, la liquidité du titre s’avérant insuffisante pour que nous arrivions à constituer un investissement raisonnable pour notre fonds. Enfin pour Erasmus Micro Cap Euro Aymeric a constitué une ligne de l’entreprise Chargeurs déjà détenue par Small Cap ainsi qu’une autre dans une SSII orientée digital, Aurès Technologies.
Les publications du S1 sont maintenant terminées et il faut constater qu’elles ont entraîné des révisions à la baisse des attentes des analystes. Le consensus des prévisions de bénéfices JCF/Factset sur le Stoxx600 européen a été pour 2018 sur un mois revu à la baisse de +-1,3% et de -1,7% sur trois mois, pour 2019 de -0,9% et -1,2%, portant la progression attendue des résultats 2018 à +6,4ù et à +9,5% pour 2019. Sur la même période pour le S&P500 américain les prévisions enregistrent de très légères révisions à la hausse qui portent les attentes pour 2018 à +18,6% et à +8,5% pour 2019.
Jean-François GILLES
Président du Directoire d’Erasmus Gestion