- 23 novembre 2020
- Point bourse
Désynchronisation ?
Si l’arrivée prochaine des vaccins rassure, t a-t-il un risque de désynchronisation entre les économies d’Asie et d’Océanie qui sortent de la pandémie à grande vitesse, les États-Unis où en dépit d’une 2nde vague plus forte que la 1ère la reprise continue et l’Europe ou les reconfinements et couvre-feux ramèneront la croissance en territoire négatif au T4 ?
Nous ne le pensons pas mais la question est posée et comme vous le lirez dans les pages suivantes en dépit des vaccins potentiels nous observons des révisions dans les 2 sens sur la croissance européenne en 2021.
Dans l’attente les marchés, et pour une fois surtout les marchés européens, continuent sur leur lancée, portés par les espoirs d’une reprise de la croissance en 2021, assortie de taux d’intérêt qui resteraient très faibles et du retour à une vie presque normale.
Notre analyse est que le mouvement, alimenté par les retours sur les actifs risqués d’investisseurs qui s’étaient abrités dans les produits monétaires et d’attente depuis quelques trimestres, continuera de bénéficier d’un soutien suffisant pour prolonger la tendance jusqu’à la prise de fonction du nouveau président américain.
En Chine, les chiffres d’activité et de ventes suggèrent que la très large accélération de l’économie continue. Le stimulus budgétaire et fiscal bénéficie à l’investissement, la progression de la production est forte et les ventes au détail et les activités de services sont au-delà de leurs niveaux pré-virus.
Compte tenu de l’épargne des ménages au cours des 12 derniers mois, le, retour à une forte activité se répercute sur la confiance des ménages ce qui promet un renforcement de la consommation d’ici le nouvel an chinois.
De ce fait les taux sont à des niveaux un peu plus élevés en Chine qu’aux États-Unis ou en Europe, et les spreads de taux en faveur des obligations chinoises entraînent des flux d’investissements internationaux vers les émissions chinoises, ce qui provoque à son tour cette année une hausse continuelle du renminbi.
Le Japon aussi connaît une reprise, toutefois moins vigoureuse. Les indicateurs anticipés nationaux (Watchers’ Survey) très fiables continuent de s’améliorer et son au plus haut depuis décembre 2017 alors que la confiance des consommateurs a retrouvé son niveau de février.
Cependant, c’est l’Australie qui surprend le plus avec la confiance des consommateurs au plus haut depuis janvier 2018 alors que le virus a quasiment disparu.
La situation européenne est malheureusement plus compliquée avec l’accélération de la 2nde vague qui entraîne reconfinements et couvre-feux.
Si pour les États-Unis les Fed de New York et Atlanta continuent de prévoir des croissances au T4 de respectivement +2,9% et +3,5%, pour l’Eurozone les attentes sont maintenant à une contraction.
La visibilité à court terme est si faible que nous observons des révisions en sens contraire d’économistes très sérieux.
L’équipe de Deutsche Bank, pourtant pas connue pour son optimisme, révise à la hausse 2020 comme 2021. Elle attend pour l’Eurozone 2020 -7,4% vs -8,0%, pour l’Allemagne -5,5% vs -5,5%, pour la France -9,7% vs -9,9%, pour l’Italie -9,1% vs -11,0%, pour l’Espagne -12,1% vs -13,7% et seule la Grande-Bretagne est revue à la baisse à -11,3% vs -10,2%.
Mêmes directions des révisions pour 2021 : Eurozone ++5,6% vs +5,4%, Allemagne +4,5% vs +4,5%, France +6,6% vs +5,8%, Italie +5,5% vs +3,4%, Espagne +6,3% vs +4,7% et la Grande-Bretagne à +4,6% vs +4,7%.
Au contraire Katharina Koenz (Oxford Economics) s’appuyant sur la révision à la baisse qu’elle fait du T4 pour l’Eurozone, baisse ses attentes pour 2020 à -7,3%, presque le même niveau que Deutsche Bank, mais baisse aussi 2021 et là sensiblement plus bas que ses confrères à +4,3% vs +5,5% auparavant. L’Allemagne est à -5,7ù en 2020 et +3,6ù en 2021, la France à -9,3% vs -9,0% auparavant et en 2021 à +5,7% vs +6,8%, l’Italie à -8,6% en 2020 et +4,9% en 2021 (vs +6,0% auparavant) et l’Espagne à -11,4% en 2020 et +4,6% en 2021.
Elle précise que ses prévisions sont très dépendantes d’une part de la pandémie et de son impact sur certains secteurs et pays en 2021 (Voyages & Loisirs, Espagne, Grèce, Italie, Portugal), d’autre part de l’utilisation plus ou moins tardive du Next Generation Fund de 750MM€ au sujet duquel les membres de l’Eurogroup n’arrivent pas à s’entendre encore avec la Hongrie et la Pologne.
Ces divergences fortes méritent un complément d’analyse, pas sur les prévisions de croissance pour lesquelles nous sommes tout aussi démunis que ces économistes chevronnés, mais sur les conséquences boursières de ces divergences sur les investisseurs. Les marchés financiers européens viennent de connaître 3 semaines de hausse continue alors que nous venons de voir combien les incertitudes qui subsistent sont élevées. C’est ce qui nous fait dire qu’il y a encore danger à être sous investis ou très/trop prudent. Si dans les semaines qui viennent les vaccins qui font la une de l’actualité passent sans encombre les fourches de la FDA (Food & Drug Administration) et si Joe Biden prend ses fonctions normalement le 20 janvier 2021, les marchés vont bénéficier de plusieurs catalyses qui les soutiendront vivement au moment où la saisonnalité (début d’année) amène les allocataires d’actif à prendre du risque.
Les États-Unis justement : » Même si le Congrès est divisé, ol existe un domaine ou in président américain garde une large latitude d’action, c’est la politique commerciale. Donald Trump en a fait la démonstration (par l’absurde). Durant son mandat, il a multiplié les restrictions et plus encore les menaces, contre à peu près la terre entière, avec une cible principale : la Chine. Sa guerre tarifaire n’a pas enrichi les États-Unis ni affaibli la Chine, mais a causé des poussées d’incertitude. La Chine est un des rares sujets d’accord partisan en faveur d’une politique de fermeté. Il y a place à un apaisement quant aux frictions commerciales avec les autres pays. » Bruno Cavalier (Oddo BHF).
L’indice NAHB (National Association of Homebuilders) pour novembre est sorti à 90 après 85 en octobre, c’est bien plus qu’attendu (85). Cette publication excellente cache peut-être un ralentissement à venir. En effet, depuis la mi-août les demandes de crédits hypothécaires sont stables, le décalage demande de crédit/vente immobilière est de 2 mois. C’est donc un point à surveiller même si dans l’attente l’immobilier résidentiel confirme sa très bonne forme.
Les ventes de logements existants, à 6,85 millions en rythme annuel en octobre vs 6,57 en septembre sont au plus haut depuis 13 ans, le prix moyen d’un bien vendu est en hausse de 15,5% sur un an.
Les mises en chantier ont aussi augmenté de 4,9% m/m à leur 4ème niveau mensuel depuis 14 ans, amenant leur progression à 15% sur un an et les mises en chantier sont au plus haut depuis 13 ans.
Les demandes de permis de construire sont elles restées stables.
La pandémie va laisser des traces profondes dans l’économie globale mais pour autant rien n’indique qu’elle se traduira par une réduction du taux de croissance globale de long terme : nous pensons que cette conclusion pessimiste est non fondée.
Les changements affecteront les structures économiques, la globalisation sera ralentie, peut-être fracturée. La crise du Covid 19 n’est pas une crise traditionnelle, plus brutale, mais aussi plus courte, elle a entraîné une réponse massive des gouvernements et des banques centrales pour éviter l’effondrement de l’activité. Tout retrait prématuré de ce soutien serait une grave erreur.
Cette crise aura des effets durables aussi sur les entreprises et les ménages, elle est un accélérateur de changements déjà engagés : plus de travail à domicile, plus de ventes en ligne, moins de déplacements professionnels. Cela affectera la répartition sectorielle des économies, certains secteurs verront leur croissance accélérer, d’autres connaîtront une longue contraction. Ces conséquences profondes toucheront particulièrement les marchés immobiliers.
Les ménages en sortiront aussi avec un besoin d’état accru, notamment dans les domaines de la santé, de la sécurité et du commerce international. Pour élargir leur rôle, les états auront besoin de financements. Il est probable que les impôts et taxes augmenteront à moyen terme même si ce n’est pas la priorité de court terme qui reste la relance de l’activité.
Les implications de tout ceci reposeront largement sur la réponse des banques centrales. Nous pensons que leurs politiques monétaires resteront pour longtemps très accommodantes, notamment pour permettre la gestion de la forte augmentation des dettes publiques provoquée par la pandémie. Ainsi pendant longtemps les taux d’intérêt réels resteront négatifs. Dans cet environnement tout indique que les retours sur investissement de la classe actions devraient être plus encore que par le passé supérieurs à ceux des classes obligataires et monétaires.
Sur la semaine, les marchés clôturent généralement en hausse : S&P -1,7%, Nasdaq +0,3%, Stoxx +1,2%, EuroStoxx +1%, CAC +2,2%, DAX +0,5%, Nikkei +0,6%, Shanghai SE +2% avec le Bund en baisse de -3,5bp à -0,58% et le 10 ans US de -8,1bp à 0,82%. L’€ s’apprécie face au $ de 0,19% à 1,1857.
La meilleure performance sectorielle au sein du Stoxx600 est Pétrole & Gaz +5,8%, tiré par les performances de Royal Dutch (+7,2%) et Total (+5,7%), suivi par l’Automobile +4,2% et les Banques +3,7%. A l’inverse le secteur de la Santé -1,3% sous performe le marché, pénalisé par la rotation sectorielle, comme l’Agro-Alimentaire -1% et les Matériaux de Construction +0,4%.
Semaine très correcte pour nos fonds qui accompagnent bien la hausse de leurs indices de référence et nous avons le plaisir de signaler qu’Erasmus Mid Cap Euro est repassé en territoire positif depuis le début de l’année !
La rotation sectorielle continue et nous faisons beaucoup de mouvements.
Sur FCP Mon PEA, 2 ventes, Pharmagest Interactive sur une belle publication, le titre n’est pas assez liquide pour ce fonds, et Air Liquide, cyclique trop défensive pour bénéficier pleinement de la rotation en cours.
Deux ventes aussi sur Erasmus Mid Cap Euro, Léa cède Biomérieux après un très beau parcours et Worldline après la finalisation de l’achat d’Ingenico pour investir dans une cyclique plus dure, l’allemand Covestro qui figure parmi les principaux fabricants mondiaux de matériaux polymères destinés aux secteurs de l’automobile, de la construction, de l’électronique, de l’ameublement et du textile.
Aymeric fait plus de mouvements encore pour Erasmus Small Cap Euro avec 2 ventes, Aixtron et Solaria et 6 achats : Accell Group, entreprise néerlandaise n°1 européen de la conception, de la production et de la commercialisation de vélos, du belge D’Ieteren déjà présent dans mid-cap, de l’allemand Elmos Semiconductor qui développe, fabrique et vend des circuits microélectriques intégrés spécifiques, Fnac-Darty aussi dans mid-cap, SAF-Holland, allemande comme son nom ne l’indique pas, qui figure parmi les principaux fabricants mondiaux d’équipements et de composants automobiles destinés aux véhicules industriels et aux poids lourds et l’espagnol Talgo qui conçoit et fabrique du matériel ferroviaire et des produits auxiliaires.
Jean-François GILLES
Président du Directoire d’Erasmus Gestion