- 3 décembre 2018
- Point bourse
Point Bourse Hebdomadaire du 3 décembre 2018 : Pause avant échéances
Pause bienvenue qui permet de regarder les valorisations et de constater l’attrait de certaines entreprises.
La suite dépendra des issues de 5 échéances cruciales d’ici la fin de l’année : la rencontre entre Donald Trump et Xi Jinping (1er-12), la réunion de l’OPEP et de ses alliés (6-12), le retour de l’Italie sur le budget (6-12), le vote du parlement britannique sur le Brexit (11-12) et les réunions de la BCE et de la Fed (12 et 13-12).
S’il est permis d’être optimiste sur certains de ces sujets, et le 1er ne semble pas avoir conduit à un résultat négatif, la dégradation progressive de la croissance rend plus nécessaire encore de justes réactions face aux difficultés qui montent.
En effet la collecte d’informations de la dernière semaine confirme toutes nos craintes.
Pour l’Eurozone, l’ESI (Economic Sentiment Indicator) recule à nouveau mais modestement (109,5 vs 109,7). Le détail par pays apporte des nouvelles particulièrement mauvaises pour l’Italie où l’ESI, au plus bas depuis juillet 2017, recule vivement (105,9 vs 107,1 en octobre et 108,2 en août), tiré vers le bas par le moral des ménages. Par contre les indices allemand et français progressent modestement.
L’inflation en zone € a reculé à 2% en novembre (vs 2,2% plus haut de 6 ans) ainsi que l’inflation sous-jacente à 0,9% et stable depuis plus d’un an. Ceci est particulièrement décourageant pour la BCE qui escomptait que la hausse des salaires allait tirer l’inflation vers le haut, d’autant que le prix de l’énergie a continué de fortement reculer ce qui va accentuer le recul de l’inflation sur les premiers mois de 2019.
Le chômage en Eurozone est resté stable à 8,1% après 4 mois de recul, c’est son niveau le plus faible depuis 10 ans même si en Italie le chômage a augmenté.
Avec une croissance plus faible et conjointement une inflation plus faible, la BCE devrait tenir un discours plus supportif le 13 décembre où se posera le problème de savoir s’il est envisageable de maintenir les taux directeurs de la banque centrale à leur très faible niveau au-delà de l’échéance annoncée de l’été 2019.
Ces questions se posent avec d’autant plus d’acuité que le Lending Survey de la BCE, qui mesure les crédits accordés, recule en octobre à +3,3% vs 3,4% en septembre.
Les indicateurs nationaux reflètent cette même tendance.
Lundi l’indice IFO, du Leibniz Institute de l’Université de Munich, est sorti à 102 vs 102,9 en octobre, 3ème recul consécutif, qui concerne tant la situation actuelle (105,4 vs 106,1) que les perspectives (98,7 vs 99,7). Par secteur, c’est le manufacturier qui est le plus affecté, au plus bas depuis 2 ans, mais même la construction qui avait touché un plus haut historique le mois dernier, recule à son tour.
L’INSEE décrit pour la France une évolution similaire avec la confiance des ménages qui baisse fortement en novembre et atteint 92, son plus bas niveau depuis février 2015 et au-dessous de sa moyenne de longue période (100). En novembre, le solde d’opinion des ménages quant à leur situation financière future diminue légèrement : il perd 2 points et demeure inférieur à sa moyenne. La proportion de ménages estimant qu’il est opportun de faire des achats importants diminue fortement (-17 vs -9) et son solde se situe au-dessous de sa moyenne pour la 1ère fois depuis décembre 2015 ;
Après la fin des publications nationales, se sont 4 pays européens qui ont eu une croissance négative au T3 : Allemagne et Suède -0,2%, Italie et Suisse -0,1%. Il y a très longtemps que cela n’était pas arrivé.
Si depuis maintenant plus de 6 mois l’excellence des chiffres américains contrastait avec la faiblesse des publications européennes, ce n’est plus vrai, les États-Unis ralentissent à leur tour et c’est peut-être ce qui explique ou permet d’espérer une attitude à venir plus conciliante de Mr Trump en particulier sur le commerce.
L’indice de confiance des ménages du Conference Board a reculé de 2,2 pts en novembre à 135,7, c’est son 1er recul de puis juin mais aussi son 2nd plus haut niveau depuis octobre 2000, ce qui laisse espérer une forte consommation pour la saison des fêtes. Ce sont plus les perspectives (-4,1 pts) que la situation actuelle (-0,8 pt) qui reculent et laissent envisager un ralentissement mi 2019.
Mauvais chiffres immobiliers aussi et là la tendance est fortement ancrée :
- Selon la Fédération Nationale des Agents Immobiliers (NAR) l’indice NAR s’établit à 102,1, en repli de 2,7 par rapport à son niveau de septembre. Sur un an les promesses de ventes se sont contractées de 6,7%.
- Le département du Commerce a indiqué que les ventes de logements neufs ont chuté de 8,9% le mois dernier, à leur plus bas niveau depuis plus de deux ans et demi en octobre, signe montrant que la hausse des taux pèse sur le marché américain du logement. Les crédits sur 30 ans sont actuellement octroyés à un taux fixe moyen de 4,81%. Sur un an les ventes ont baissé de 12%. Le prix médian des logements neufs a baissé de 3,1% sur un an en octobre à 309 700$ (274 600€) et les stocks, de 7,4 mois, atteignent leur plus haut niveau depuis février 2011.
- Les prix immobiliers des 20 principales métropoles des États-Unis ont augmenté de 5,1% sur un an en septembre selon l’enquête Case-Shiller, après 5,5% en août.
Enfin, les inscriptions hebdomadaires au chômage, bien qu’encore très faibles, semblent, au plus haut de 27 semaines, reprendre le chemin de la hausse. C’est souvent un des premiers indicateurs de l’arrivée d’un ralentissement. Nous verrons la semaine prochaine si le rapport mensuel sur l’emploi de novembre reflète cette évolution.
Sur la semaine, les marchés clôturent en légère hausse, l’EuroStoxx50 de +1,1% , le CAC40 de 1,2% avec le Bund allemand en baisse de 2,7bp à 0,31%, un € qui se déprécie face au $ de -0,2% à 1,131 et un baril de pétrole qui reprend 1,3% à 59,43$ (Brent).
Le secteur des Télécommunications (+4,9%) affiche la meilleure performance de la semaine, Deutsche Telekom (+1,7%) a été autorisé à acheter les activités de Tele2 (+9,4%) aux Pays-Bas ; cette annonce redonne l’espoir aux investisseurs que l’UE soit plus souple dans ses décisions futures concernant la consolidation du secteur en Europe. Les autres secteurs favorisés sont Pétrole & Gaz (+2,8%) Technologie (+2,2%) et Santé (+1,8%).
A contrario le secteur Voyages & Loisirs (-2,3%) sous performe suite au 2ème profit warning en 2 mois de Thomas Cook (-34,6%). Dans son sillage TUI (-10,7%). Les compagnies aériennes Ryanair (-6,3%) et EasyJet (-7,8%) sont, quant à elles, pénalisées par le risque d’un « hard Brexit ».
Bonne semaine pour nos fonds, qui ont tous bien progressé, avec un coup de chapeau à Erasmus Micro Cap Euro, +2,6% sur la semaine et qui rattrape en 5 séances 1,07% sur sa référence. Erasmus Capital Plus et FCP Mon PEA enregistrent également une belle avance alors que Mid et Small Cap Euro sont plus près de leurs indices de référence.
Pour FCP Mon PEA, fin de la vente d’Arkema et cession pour Erasmus Micro Cap Euro de MPC Capital AG.
Les prévisions du consensus IBES sur les résultats des entreprises de la zone € pour 2018 continuent à perdre de la hauteur. Elles sont maintenant à +4,8% vs +9,4% au début de l’année. Si les prévisions pour 2019 sont encore à +10,4%, compte tenu de nos attentes de croissance pour le S1 nous pensons qu’elles vont être sérieusement revues à la baisse. Cette révision à la baisse de 2019 a déjà commencé pour les États-Unis où le consensus IBES est passé en un mois de +10,4% à +8,8%.
Les résultats de la zone euro sont encore 14% sous leur niveau d’avant la crise de 2008 alors qu’ils sont 53% au-dessus pour les États-Unis et 11% au-dessus pour les pays émergents.
Depuis la fin du mois de janvier les marchés ont du absorber beaucoup d’informations contraires, géopolitiques, commerciales, économies qui ralentissent et taux d’intérêt américain en hausse, tout ceci a entraîné une baisse des valorisations.
Pour l’EuroStoxx, la croissance des BPA 2018 est attendue à 5% pour un PE de x13,7 et 2019 à +10% pour un PE de x12,4. Pour le S&P500, BPA 2018 à +24% et PE de x17,6 et BPA 2019 +9% et PE de x16,2.
Jean-François GILLES
Président du Directoire d’Ersamus Gestion