- 4 septembre 2018
- Point bourse
Point Bourse Hebdomadaire du 4 septembre 2018 : Trump donne toujours le la
Hélas ! mais on l’a encore bien vu cette semaine. Après quatre journées rassurantes, avec des évolutions construites sur des données macro et micro satisfaisantes, ce climat a été cassé vendredi par de nouveaux tweets. Comme nous le craignions depuis quelques mois, le président américain ne veut pas avoir l’air vis à vis de son électorat de faire des concessions avant les élections de la mi-mandat le 6 novembre.
C’est ce qui justifie des stratégies prudentes et d’importantes liquidités dans nos portefeuilles.
Cela ne nous empêche pas de suivre toujours d’aussi près les évolutions économiques et les développements des entreprises car après la phase actuelle régit par les tweets, il y aura retour à la réalité.
La semaine passée l’ESI (Economic Sentiment Index de la Commission Européenne) est sorti pour août en léger recul à 111,6 vs 112,1 en juillet, bien au-dessus cependant de sa moyenne des trois dernières années de 108,5. La confiance des consommateurs recule de -0,5 à -1,9, celle du secteur des services passe de 15,3 à 14,7, mais haussez pour le secteur construction de 5,4 à 6,4 et pour le commerce de détail de 0,3 à1,7, l’industrie restant quasi stable. C’est la crainte du chômage qui fait reculer la confiance des consommateurs mais celle-ci reste cependant proche de ses plus hauts depuis la récession de 2008.
Au niveau pays, la Belgique (+3,7 points)et le Royaume-Uni (+1,5) enregistrent des gains significatifs en août et les reculs les plus marqués sont ceux de la France (-1,3), de l’Italie (-0,8) et de l’Espagne (-0,7).
Même si le résidentiel commence à marquer le pas en France, la force du secteur construction impressionne, à son 2nd plus haut niveau depuis 1985 et au plus haut en Italie depuis 2004. Enfin la confiance des industriels et du commerce de détail est au plus haut en Grèce depuis plus d’une décennie.
L’institut allemand IFO de Munich a publié son indice mensuel qui montre que la confiance des entreprises allemandes s’améliore sensiblement, l’indice passant de 1017 en juillet à 103,8. Selon Clemens Fuest, président de l’IFO, les entreprises voient tant leur situation actuelle (106,4 vs 105,4) que leurs perspectives (101,2 vs 98,2) s’améliorer. Ces chiffres pourraient correspondre à une croissance de 0,5% au T3.
L’amélioration la plus substantielle est celle du secteur des services et l’amélioration de leurs perspectives pour les entreprises est la plus forte depuis juin 2009. Pour l’industrie, c’est la 1ère hausse après 6 reculs consécutifs, due aux perspectives, idem pour le commerce de détail alors que la construction connaît un emballement, situation actuelle et perspectives étant à leur plus haut historique et à nouveau en forte hausse.
Rolf Bürkl, président de l’institut allemand GfK, fournit dans l’enquête mensuelle de cet institut des précisions complémentaires. Alors que les consommateurs voient les perspectives économiques s’améliorer, ils sont un peu moins optimistes en matière de revenus, l’indice GfK recule ainsi à 10,5 vs 10,6. L’optimisme sur l’économie progresse de façon notable à 22,2 points (+6,5), sur un an il est cependant en recul de 8 points. Par contre les attentes en matière de revenus reculent de 4,9 points à 52,6, soit plus qu’en novembre 2017 mais 8,8 points sous le niveau d’il y a un an. Au regard de la série historique, cela reste un niveau très élevé. La propension à consommer est quasi inchangée (-1pt) à 55,2 en août, en recul de seulement 3 points sur un an. Ce bon comportement est essentiellement du à la solidité du marché de l’emploi, les postes sont faciles à trouver et la crainte de perte d’emploi reste très basse. Cela permet aux ménages d’avoir une grande sécurité, en particulier pour ce qui concerne leurs dépenses d’investissement (auto et logement).
L’INSEE fait un constat proche pour la France dans son enquête mensuelle de conjoncture auprès des ménages (août 2018). Le solde d’opinion des ménages sur leur situation personnelle passée est quasi stable (-1 point) et celui sur leur situation personnelle future est inchangé. La proportion des ménages estimant qu’il est opportun de faire des achats importants est stable et se situe au-dessus de sa moyenne de longue période.
En août, la part des ménages français estimant qu’il est opportun d’épargner augmente nettement. Le solde gagne 4 points après 3 mois de stabilité, mais demeure en-dessous de sa moyenne. L’opinion des ménages sur leur capacité d’épargne future diminue légèrement : il perd 2 points après en avoir gagné 6 en juillet mais demeure au-dessus de sa moyenne de longue période.
Les ménages sont plus optimistes quant au niveau de vie futur en France, ce solde gagne 3 points.
Aux États-Unis les chiffres de la semaine sont dans la continuité des mois précédents.
L’indice de confiance du consommateur du Conference Board (organisation patronale) progresse de 5,5 points à 133,4 en août, au plus haut depuis octobre 2000. Ceci reflète à la fois l’effet richesse (Wall Street et immobilier résidentiel au plus haut), les fortes créations d’emplois et la faiblesse du chômage, et la baisse des impôts. Les ménages sont plus confiants tant pour leur situation actuelle que pour leur avenir, ce qui est très favorable à la consommation. 42,7% des ménages considèrent qu’il est facile de trouver un emploi, 12,7% que c’est difficile, au plus bas depuis mars 2001. 25,5% des ménages pensent que leurs revenus vont augmenter dans les 6 prochains mois, niveau le plus élevé depuis décembre 2000. Aussi les consommateurs envisagent dans les 6 mois de gros achats en équipement ménager (53,1%), automobiles (12,3% vs 11,1% en juillet) et logement (6% vs 5,4%).
Le Bureau of Economic Analysis/ Haver Analytics confirme cette analyse. Sur un an les revenus disponibles progressent pour les ménages de 2,9% en juillet, la consommation de 2,8% et le taux d’épargne, à 6,7%, est à un niveau élevé pour les États-Unis.
Le headline PCE, indicateur d’inflation retenu par la Fed, passe en juillet à +2,3% (vs 2,2%) et à 2% pour l’inflation sous jacente vs 1,9% ; l’inflation atteint et dépasse l’objectif de la Fed, confortant celle-ci dans sa démarche graduelle de relèvement de ses taux directeurs.
Enfin, la hausse des prix immobiliers dans les 20 principales métropoles des États-Unis a légèrement ralenti en juin pour s’établir à 6,3% sur un an vs 6,5% le mois précédent selon l’enquête mensuelle Case Shiller.
Etude intéressante cette semaine de Tom Pierce et Sebastian Raedler (Deutsche Bank Research) sur le momentum de révision des résultats sur le mois d’août. Au niveau global (MSCI AC World) les résultats 2018 continuent à connaître un momentum positif (+0,2% en août après +0,2% en juillet), tirés par les États-Unis (+0,5%) et le Japon (+0,4%) alors que les pays émergents (MSCI emerging -0,5%) et le Stoxx600 européen (-0,1%) sont en recul.
Au sein de l’Europe, l’Espagne a connu en août le meilleur momentum (+1,1%), suivie par la France (+1%) et la Suisse (+0,9%) alors que l’Allemagne enregistre les plus fortes révisions à la baisse (-1%) suivie par la Grande-Bretagne !-0,6%) et l’Italie (-0,2%).
En termes sectoriels et pour le Stoxx600 européen, les révisions à la hausse concernent la Santé (+1,2%), la Consommation Discrétionnaire (+0,4%), les Produits de Base (+0,2%) et les Services Financiers (+0,1%). Dans l’autre sens on trouve l’Automobile (-1,2%), le Pétrole (-1%), la Construction et les Matériaux (-0,7%).
Par contre sur la semaine le secteur automobile affiche la meilleure performance (+1,6%), il avait été pénalisé la semaine précédente par le warning de Continental. Cette semaine l’annonce lundi par D. Trump d’un accord commercial avec le Mexique l’a favorisé (Volkswagen +2,1%, Continental et Daimler +1,7%). Au contraire le secteur des Télécoms (-3,3%) affiche la moins bonne performance du Stoxx600 pénalisé notamment par Iliad (-9,2%) qui serait le seul opérateur à avoir perdu des abonnés dans le fixe et le mobile en France au T2, et par Altice (-5,4%) après que Renaissance Technologies a déclaré avoir pris une position short de 0,5% dans la société.
Jean-François GILLES
Président du Directoire d’Erasmus Gestion